France, 1907 : Être dans tout son éclat.
La vie battait son plein dans cette grande artère parisienne. Sur les trottoirs, une cohue prolétaire ambulait, effarée ; les employés gagnaient leur bureau, les ouvriers se rendaient au travail, les ménagères, le panier à la main, s’approvisionnaient, allant des boutiques, dont l’étalage mangeait la moitié de la chaussée, aux voitures des marchands de quatre-saisons, rangées le long du ruisseau, et pleines, celles-ci de légumes, celles-là de poissons, ces autres de volailles ou de lapins tout dépouillés, dont la chair sanguinolente évoquait des idées de carnage. De leurs voix enrouées, les petits marchands appelaient la clientèle :
— Voyez, Madame, voyez, pas cher !…
(Daniel Riche, L’Agonie d’une jeunesse)